Un souffle de silence entre garrigue et ciel
À quelques kilomètres seulement du tumulte montpelliérain, niché entre les ondulations sèches de la garrigue et les reflets d’un ciel généreux, le lac de Cécélés se love comme un secret que la nature aurait confié aux plus curieux. On ne le découvre pas au hasard. Il faut le mériter un peu, s’éloigner des sentiers battus, suivre ces routes qui semblent ne mener nulle part. Et puis soudain, au détour d’un virage ou d’un bosquet de chênes verts, il apparaît, tranquille, enveloppé d’une lumière presque irréelle.
Un site façonné par la main de l’homme — et chéri par la nature
Contrairement à ce que sa beauté sauvage laisse penser, le lac de Cécélés n’est pas un miracle purement naturel. Il est né dans les années 1990 d’un projet agricole, une retenue d’eau destinée à l’irrigation. Mais comme souvent, la nature a rapidement repris ses droits. Peu à peu, les roseaux, les libellules, les canards et quelques espèces aquatiques discrètes l’ont adopté. Les berges ont vu naître un écosystème fragile que les habitants de la région et les promeneurs de passage ont appris à respecter.
Aujourd’hui, le lac, bien que privé, est devenu un lieu de pause privilégié, notamment pendant les mois d’été. Les locaux le considèrent avec tendresse, comme un coin de liberté discret, loin des plages bondées de Palavas ou Carnon.
Balades et flâneries autour d’un miroir d’eau
Le tour du lac, d’environ 2 kilomètres, invite à la déambulation paisible. Loin d’un sentier parfaitement balisé, c’est une promenade un peu rustique, parfois herbeuse, parfois terreuse, mais authentique. On y croise des familles pique-niquant à l’ombre des pins d’Alep, des retraités curieux observant les oiseaux à la jumelle, ou encore des artistes venus saisir le miroitement changeant de l’eau sur leur toile.
Luc, un habitant de Saint-Mathieu-de-Tréviers que j’ai rencontré par un après-midi brûlant, m’a confié : « J’y viens depuis que je suis gamin. Avant, on y allait entre copains avec nos vélos rafistolés. On faisait des concours de plongeon, même si c’était interdit ! Maintenant, je viens avec ma petite-fille. C’est notre moment, notre coin à nous. »
Se baigner au lac de Cécélés, un luxe maîtrisé
Oui, on peut se baigner dans le lac. Mais l’accès à la baignade est réglementé. En effet, une partie du site est occupée par le domaine de Bistronomy Plage, un restaurant éco-design et raffiné qui propose un accès à l’eau moyennant consommation ou location de transat. Loin du concept de « plage privée » à l’azuréenne, on y cultive une ambiance paisible, presque bohème.
Bistronomy Plage est une invitation à savourer le temps : brunch végétal face au lac, jus maison, et même quelques soirées aux accents jazzy une fois l’été venu. La baignade, surveillée, est donc bien possible, mais elle se fait dans un cadre encadré, respectueux du lieu. C’est sans doute cet équilibre qui fait la magie du lieu : profiter sans jamais imposer.
Un environnement préservé qui invite à la contemplation
Le lac de Cécélés est un chant dressé contre le béton et la rapidité. Ici, pas de jet-skis ni de bruits stridents, mais le lent bruissement du vent dans les arbres, le cri des cygnes et le clapotis discret des pêcheurs matinaux lançant leur ligne.
Pour les amateurs d’ornithologie, le site est un petit paradis. On peut y observer des foulques macroules, des hérons cendrés, et même, à certaines périodes, des grèbes huppés. Le calme du plan d’eau attire aussi les photographes de la région, venus saisir les teintes changeantes du coucher de soleil, dont les éclats embrasent parfois toute la surface du lac.
Autour du lac : terroir, vins et vues imprenables
À deux pas du lac, les vignes des contreforts du Pic Saint-Loup se déploient en rangs bien sages. Les domaines viticoles alentours — Mas Gourdou, Château Laroque, Domaine Haut-Lirou — offrent aux visiteurs de passage des dégustations toujours riches d’histoires et de savoir-faire.
Pourquoi ne pas combiner un après-midi au lac à une visite œnologique ? Le contraste entre la fraicheur de l’eau et la chaleur minérale du vin local est une véritable expérience sensorielle. Les rouges du Pic, en particulier, robustes et équilibrés, trouvent leurs racines dans ce paysage rude et doux tout à la fois.
Le lac de Cécélés à travers les saisons
Si l’été reste la saison la plus prisée pour découvrir le lac, l’automne lui confère une poésie particulière. La garrigue se parsème de touches d’ocre et de rouille, les visiteurs se font plus rares, et le silence devient un compagnon fidèle. L’hiver, les matinées brumeuses donnent au lac une allure mystérieuse, presque onirique.
Au printemps, les herbes folles renaissent aux abords du sentier, et les grenouilles célèbrent à leur manière la montée des températures en un concert aussi étrange qu’envoûtant. Chaque saison y écrit un nouveau chapitre, et les habitués vous diront que le lac ne montre jamais deux fois le même visage.
Informations pratiques pour préparer sa visite
- Accès : Le lac de Cécélés se situe entre les villages de Saint-Mathieu-de-Tréviers et Les Matelles. Depuis Montpellier, comptez environ 30 minutes en voiture. Un petit parking est disponible en bordure du site.
- Accès au site : L’accès au lac est libre, mais la baignade est uniquement autorisée dans la zone gérée par Bistronomy Plage.
- À prévoir : Eau, protection solaire, chapeau. Prévoyez également de bonnes chaussures si vous souhaitez faire le tour complet du lac.
- Respect de l’environnement : Le site est fragile. Merci de ne pas laisser de déchets, de ne pas déranger la faune locale, et de rester sur les sentiers existants.
- Horaires : Bistronomy Plage est ouvert généralement de mai à septembre, en fonction de la météo. Consultez leur site pour réserver une table ou un transat.
Un lieu d’équilibre et d’émotion
Lorsqu’on quitte le lac de Cécélés, ce n’est jamais tout à fait les mains vides. Il y a dans ce lieu une force paisible, une mélodie muette faite de lumière, d’eau et de silence. Ses eaux protégées semblent nous rappeler que la beauté ne crie pas, elle chuchote à ceux qui prennent le temps d’écouter.
Et si c’était cela, après tout, l’âme de l’Occitanie ? Une beauté simple, sincère, qui se mérite encore un peu — mais qui, une fois découverte, ne nous quitte plus vraiment.